Tapez « digital nomad » dans Google Images et vous verrez des dizaines de photos de cadres en costard-cravate travailler avec leur ordinateur sur le sable, sans même se soucier des reflets du soleil sur leur écran… L’image marketing du nomade digital est bien loin de la réalité. Je vous explique dans cet article la façon dont je voyage et les 5 erreurs que vous ne devez pas commettre si vous travailler sur internet tout en voyageant.
Pour commencer, mettons à mal une idée fausse :
Pensez-vous vraiment que l’on puisse voyager comme un touriste tout en gérant ses responsabilités de chef d’entreprise ?
Non ! Bien évidemment…
J’ai rencontré et lu plusieurs entrepreneurs qui ont tout simplement abandonné le mode de vie nomade. Ils sont alors revenus au sédentarisme. Pourquoi ont-ils échoué ? Car ils ont joué les touristes, ils se sont crus en vacances…
Je ne suis pas un touriste, je suis un entrepreneur libre.
Mon rythme de vie est similaire à celui d’un entrepreneur sédentaire qui vit en France. Je me suis levé tôt ce matin pour écrire cet article, et vu que nous sommes lundi, je vais passer une grosse journée de travail ! Et oui, c’est mon métier : je travaille sur internet !
Cela dit, quand je sortirai à midi, je serai dans le centre historique de Mexico City. Sur l’avenue piétonne de Madero, je marcherai auprès de Jack Sparrow, de Superman, d’Edward aux mains d’argent, un peu comme sur la Rambla barcelonaise. Je pourrai à ma guise manger pour quelques euros des tacos de cochinita, des quesadillas, un pozole ou un bon beefsteack argentin à moins de 10 euros. Je passerai devant le Palais des Beaux-Arts de Mexico et je me promènerai dans le parc Alameda où s’arrosent en riant aux pieds des fontaines des enfants mexicains. Je pourrais peut-être louer un ecobici pour traverser l’avenue de la Reforma où s’érige sur son rond-point central l’Ange de la réforme, monument emblématique de celle ville géante. Je pourrais alors suivre les pistes cyclables au delà de la Zona Rosa pour aller me balader en vélo dans le bois de Chapultepec, le poumon de la ville.
Mais non ! Je ne suis pas en vacances, on est lundi et j’ai du boulot ! J’irai me promener en fin de semaine !
La plupart des nomades digitaux que je connais travaillent autant que des entrepreneurs sédentaires en France. Ils sont en général passionnés par leurs activités sur internet et s’y adonnent une bonne partie de leur temps. Il en est de même pour moi. Je travaille beaucoup, tout en conservant un bon équilibre entre le temps passé sur ordinateur et celui passé dans la « vie réelle ».
Ce qu’il y a d’exceptionnel quand on est géographiquement libre, ce n’est pas la façon dont nous utilisons notre temps de travail, mais la façon dont nous utilisons notre temps libre.
Chaque semaine, je découvre de nouveaux lieux, je me promène dans des parcs ou jardins écologiques, dans des musées, je vais visiter des petites villes pittoresques… A chaque fois que je sors avec des amis ou dans de grosses fêtes, c’est une nouvelle expérience. Sociale et linguistique. Au Mexique, répondre « De France » à la question qu’on me pose souvent, « ¿De dónde vienes? », est l’arme la plus puissante pour attirer l’attention d’un groupe et lancer une conversation.
Je suis toujours dans un état de découverte de nouveaux lieux, de nouveaux visages, de nouvelles saveurs. Je vis une sorte de voyage lent, mais perpétuel. Voilà ce qu’apporte vraiment cette liberté.
Oubliez donc l’aspect marketing du nomade digital, qui voyage à plein temps. Il est avant tout un entrepreneur, comme les autres.
Mais si vous voulez plutôt suivre le chemin de l’entrepreneur « tourdumondiste » fauché, vous pourriez appliquer à la lettre les 5 conseils qui suivent, et vous préparer à un retour rapide à la case départ :
1Faites le touriste toute l’année
Je le répète encore une fois : être géographiquement libre ne signifie pas être en vacances. Sortez-vous cela de la tête une bonne fois pour toute. Faites le touriste plutôt que l’entrepreneur et vous reviendrez rapidement chez papa et maman.
Alors bien sûr que je prends des vacances, mais la plupart du temps, je travaille, comme tout entrepreneur sérieux. Je fonctionne avec 3 types de périodes. C’est ce qui me convient le mieux. Je vous invite à adapter ces 3 périodes à vos activités, vos envies et votre budget mais il me semble que c’est ce qu’il y a de mieux.
- les périodes « normales » : je loue une maison ou un appartement, en ville, à la plage, au soleil… J’utilise Airbnb ou bien d’autres sites internet locaux de location ou de colocation. Je trouve parfois grâce au bouche-à-oreille. Une fois installé, je travaille à un rythme normal et tous les week-ends ou presque, je fais des sorties aux alentours ;
- les périodes nomades : ce sont des périodes transitoires, pour lesquelles je me déplace et suis généralement à la recherche d’un logement stable et correct. Ces périodes peuvent durer quelques jours, voire 2-3 semaines maximum. J’embarque tout mon barda et je travaille sur l’essentiel : mes clients, mon contenu et mes emails. C’est en quelque sorte des périodes de travail à mi-temps ;
- les périodes de vacances : je préviens mes clients et mes partenaires que je ne serai disponible uniquement pour les urgences. Je prépare des publications à l’avance et généralement, je prévois beaucoup de lecture. Pendant ces périodes, j’aime « sortir de ma zone de confort ». Je voyage plutôt de manière physique, en mode « backpacker », sans trop de préparation. Pour le coup, durant ses périodes, je redeviens touriste. Ces vacances me permettent également de faire le plein d’articles, de photos. Ce sont des périodes plus créatives que les autres.
2Travaillez à l’arrache, dans le canap’ de l’auberge de jeunesse
Je ne suis pas du tout du genre à bosser en tailleur au pied de mon lit… Mon environnement de travail est primordial. Pourquoi ? Pour une raison toute simple : avec un meilleur environnement de travail, je suis plus efficace et j’ai donc plus de temps libre. Vous devez donc au minimum avoir une table, une chaise, une souris, un tapis et une bonne connexion internet. Pour mesurer la vitesse d’une connexion internet, j’utilise l’application mobile de Speed Test, by Ookla. Je vous conseille un débit minimum pour le téléchargement de 2Mbps. C’est en général suffisant pour utiliser des services internet classiques (messagerie email, WordPress, navigation…). Si vous travaillez en FTP, c’est un peu juste… Je vous conseille alors d’utiliser Netbeans. Sa fonction « upload on save » permet de continuer à travailler pendant les transactions FTP (voir les ressources). A partir de 4-5 Mbps, la connexion est très correcte. A 10 Mbps, vous atteindrez le maximum de votre productivité.
Concernant les connexions 3G : il m’arrive régulièrement de travailler avec des connexions 3G. C’est plutôt pour dépanner et je conseille ce genre de connexion pour les « périodes nomades » ou les « périodes de vacances ». Ce n’est pas idéal pour bien travailler, à moins d’opter pour les services les plus performants. Imaginez qu’avec la 4G, dans quelques années, on pourra vraiment bosser depuis où l’on veut !
3Ayez un modèle de monétisation bancal
On peut partir du principe qu’il est souvent plus économique de travailler depuis l’étranger qu’en France. C’est vrai pour beaucoup de destinations. Ceci dit, partir avec un revenu qui vous permettent de vivre décemment, c’est quand même un plus. Si vous êtes à l’étranger et que vous devez bosser comme un acharné 60 heures par semaine sans pouvoir profiter de votre liberté géographique, vous serez forcement déçu. Je reviendrai sur cet aspect lors d’un prochain article, mais pour résumer, je vous conseille d’avoir un modèle de monétisation basée sur 2 sources de revenus indépendantes :
- un revenu qui dépend de votre temps, c’est à dire, dans la grande majorité des cas, des prestations de service : développement web, coaching, rédaction, référencement, traduction, community management… ;
- un revenu récurrent, ou « automatique » : publicité, affiliation, vente de produits d’information… Tous les revenus qui ne dépendent pas de votre temps, mais du trafic et des taux de conversion de votre ou vos sites internet.
Les revenus de prestations vous donnent une certaine sécurité et sont bien rémunérés à l’heure. C’est également un moyen de vous auto-former, de constituer un réseau, une réputation… Les revenus récurrents permettent d’assurer un minimum de revenus lors de vos baisses d’activités et peuvent devenir à long terme indépendants du temps que vous y consacrez (j’en dis plus dans cet article sur les revenus passifs). Ce n’est pas le cas pour les prestations de services, à moins que vous ne sous-traitiez la majeure partie. Je vous conseille donc de travailler sur ces 2 modèles.
4Prévoyez de voyager constamment et de visiter le plus de pays possible
C’est le béaba de tout bon touriste qui se respecte, non ? Ce conseil vient en complément du premier : lorsqu’on est géographiquement libre, on peut très bien voyager à plein temps s’il on veut. Sauf que si on voyage à plein temps, on travaille moins et on prend le risque de voir son entreprise échouer. On passe en plus beaucoup de temps dans les transports, et la plupart de vos bénéfices partent dans l’industrie touristique… Que dites-vous d’un retour en France, en mode salarié métro-boulot-dodo ? Ne prévoyez pas plus de voyages que votre activité ne le permet, tout simplement… Faites en fonction de votre budget, de vos revenus récurrents. Repérez également les mois les plus tranquilles de votre activité. Discutez-en avec vos clients principaux. Mais n’oubliez-pas que c’est votre entreprise qui vous permet de réaliser vos voyages, et non l’inverse !
5Voyagez avec 25 kilos d’affaires et 2 valises (+ un sac à dos) :
Si vous ne voyagez pas léger, vous allez vous retrouver régulièrement à trimballer toutes vos affaires et croyez-moi, vous allez en baver ! Faite le choix du minimalisme et vous serez bien plus mobile. De tout manière, si vous avez trop d’objets, vous allez en abandonner sur la route… Je voyage avec un seul bagage de 14 kilos, TOUT COMPRIS, mon bureau mobile inclus. J’ai du mal à faire moins. Et je ne suis pas non plus extrême : j’embarque par exemple avec moi une veste en cuir assez lourde, 2 jeans (un seul suffirait), 3 paires de chaussures (1 seule suffirait), etc. Quand on vit une partie de l’année en ville, on n’a pas non plus envie de ressembler tout le temps à un gringo en vacances… C’est pas parce qu’on est nomade qu’on doit être mal sapé !
Vous voilà donc maintenant avec une méthode infaillible en 5 étapes pour vous faire galérer au maximum lors de vos expériences de nomade digital, et au final, vous faire rentrer à la maison. Faites-en bon usage 🙂
Salut Kalagan,
Très bon article sur la réalité de la vie sur la route, avec un ton d’humour sympa. Etant moi-même novice dans ce milieu, je trouve le conseil sur la monétisation très pertinent ! Nombre de personnes ne savent pas monétiser leur site et finissent bredouille.
Et puis voyager léger, on ne le répétera jamais assez. Après mon premier tour du monde, je suis reparti en voyage avec la MOITIE des affaires que j’avais avec moi précédemment !
content de te lire …. sorry, mon ordi est au soleil et j’avais un soucis pour voir l’écran. Bref j’aime ton article car c’est vrai, il y en a marre de lire « soyez riche et libre en 1 mois » ou « monter votre entreprise en 3 clics ». Je préfère des articles qui parlent des vraies choses, et qui nous remettent les pieds sur terre. Ou qui bousculent même (comme ceux de Haydée). Je garde de ton article l’idée de s’organiser un bureau et de travailler (comme presque tout le monde) Même si quand on fait quelque chose avec passion, on n’a pas vraiment l’impression de travailler.Je prends en note le lien de Airbnb. De bien vérifier la connexion dans les endroits où on débarque. Voyager léger… ça je sais faire très bien. Et avoir 2 sortes de revenus. Ton article me permet de réfléchir et d’avancer. Je suis au tout début de l’aventure. Merci à toi
Bonjour! Pour le choix des destinations d’un nomad digital faut-il suivre les critères classiques budget-envie-période ou se laisser par la présence ou pas d’Internet dans les différentes destinations?
Bonjour Blandine.
Il y a de bonnes connexions internet, en tout cas suffisantes pour beaucoup de tâches quotidiennes, dans la plupart des pays du monde. Si vous voyagez ou logez dans des grandes et moyennes villes, aucun problème en général. Mais si vous préférez des petits villages ou des coins plus naturels, plus paumé, il faudra trouvé les bons endroits pour travailler. C’est une des premières choses à faire quand vous arrivez dans un endroit. Galérer d’internet pendant plusieurs jours ou semaines, c’est impossible si vous y travaillez… En conclusion, allez d’abord dans le pays ou la région qui vous plaît, et ensuite, trouvez-y de bonnes connexion internet.
totalement d’accord avec toi. Je dois quand même avouer que la tentation est forte de se laisser aller quand on a pleins de choses à découvrir dans son nouvel environnement.
Pour le coup moi je suis parti sur un mode un peu alternatif. Quelques mois en sédentaire à Paris, et quelques mois en nomade.
Salut Faouzane.
C’est aussi ce que je compte faire. Avoir une période plus stable (disons 6 mois car c’est dans beaucoup de pays la période nécessaire à la résidence) puis 6 mois de mobilité. Alors nomade, semi-nomade, semi-sédentaire… On s’en fiche… L’important, c’est d’utiliser cette liberté géographique comme on le préfère.
Article assez complet qui permettra de donner un portrait juste aux novices.
Étant semi-nomade mais dorénavant en famille, dans notre cas on a besoin d’un peu plus de confort – un enfant ne choisit pas ce style de vie – mais quelle réjouissance de pouvoir profiter des jours de congé pour découvrir un nouvel endroit!
Je suis assez contente qu’il y ait un site francophone sur le style de nomade digital, il y en a beaucoup en anglais (langue que je maîtrise) mais je ne comprenais pas pourquoi si peu de francophones digital nomade en parlaient!
Espérons qu’on puisse se croiser au Mexique un de ces jours! 😉
Bonjour Anouk et bienvenue sur mon blog.
Tu vis dans quel coin du Mexique ? Je m’oriente aussi vers un mode de vie semi-nomade (mais cela a t-il vraiment un sens de quantifier notre mobilité ?) : environ 6 mois au Mexique et 6 mois sur les routes (pour des questions de résidence notamment).
Actuellement, je me trouve dans l’état du Quintana Roo.
Et tout comme toi, j’aimerais pouvoir résider 6 mois au Mexique et 6 mois sur la route (dont une partie au Canada), mais il y a une certaine contrainte: la scolarité de notre fille 😉
Tu es à Mexico, on compte peut-être y aller cet hiver!
Haaa, le premier point « faites le touriste toute l’année », ça me fait penser à certains amis qui me disent que mes vacances avaient l’air super alors que je travaillais…
En fait, ces derniers mois, ma situation était plus proche de l’entrepreneur à mi-temps comme je faisais aussi du volontariat. C’est terminé depuis une semaine et il va falloir donc se remettre dans un rythme à temps plein.
Ce qui est marrant, c’est qu’au final, mis à part certains weekend, je n’ai eu que 3 semaines de vacances au Japon ces 6 derniers mois, mais il y a vraiment peu de gens qui’ s’en rendent compte !
Bah, en même temps c’est un peu normal. Surtout si on est présent dans les médias sociaux: je ne connais personne qui poste sur Facebook des photos de lui en train de travailler 😀
Oui, ça fait vexe un peu quand les gens pensent qu’on est juste en vacances, mais c’est quand même (souvent) l’image qu’on projette, même sans le vouloir 😉
Merci pour ce très bon article. J’ai quitté la France il y a 6 mois maintenant. Je fais principalement du référencement et la gestion de mon temps de travail est devenu un vrai problème. Dur de se motiver quand on vit sous les cocotiers… Je n’ai pas encore trouvé la bonne méthode mais en tout cas ton article m’a fait prendre conscience qu’il faut que je me mette des coups de pied au c… si je ne veux pas me retrouver chez papa maman. Juste une petite remarque au passage, dans ta présentation en haut de page… Rejoignez moins sur Facebook?
Bonjour Serge.
Et oui, il faut avoir une motivaiton d’acier pour être entrepreneur et le rester toute sa vie ! Je pense quand même que les cocotiers, ça aide, contrairement à la pluie et au gris ! As-tu tester le réveil matinal ? Une chose importante parmi tant d’autres…
Et merci pour la coquille 🙂
Merci pour ton article. C’est toujours bien d’avoir les avis de ses compères!
L’entourage a en effet souvent du mal à comprendre ce que l’on fait, comment on s’organise etc… Mais j ‘espère que nous serons de plus en plus afin de prouver que c’est un modèle qui fonctionne quand on est un bosseur aventurier et un aventurier bosseur !
Pamela
Nous voyageons depuis 4 ans avec nos deux enfants, scolarisés au CNED. Et je dis bien « Nous voyageons », car beaucoup de nos amis pensent que nous sommes continuellement en vacances. Mais demandez les enfants, pour eux, c’est bien l’école. Le rythme est lever à 6.30, école à 8 heures, au moins jusqu’à 13 heures.
On avait bien adapté ton planning de temps. 4 jours d’école, deux jours de visite et un jour de déplacement. C’est comme cela que nous avons découvert la Thailande, Laos, les Etats-Unis. Nous, les parents, en attendant on s’est formé pour pouvoir donner des cours d’anglais, p. ex.
Maintenant nous sommes installés de nouveau, cette fois-ci au Nord du Pérou, et je travaille sur notre tour opérateur en ligne. Donc, toujours même planning de travail pour tout le monde. On visitera le pays pendant les vacances -des enfants !
Merci
Bonjour Kalagan, je suis d’accord avec toi pour le vivre en pratique. J’ai débuté y’a 6 mois la création d’un « business nomad ». Je ressens au bout de 6 mois le besoin de « me poser ». L’envie d’avoir un poste de travail confortable et plus de visibilité à moyen terme est le plus fort. Et cest clair qu’on ne peut pas être entrepreneur et passé son temps à bouger. Cest pas possible car il faut une régularité, de la stabilité et surtout de la discipline. Du coup pour 2017 j’envisage de périodes plus longues en locatif (Airbnb). Merci pour cet article ! Bye