J’ai récemment vécu une expérience assez surprenante avec British Airways. Une expérience qui donne à réfléchir de plus près aux pratiques de la compagnie, de ses filiales et qui m’invite à me questionner sur celles de ses concurrents. Alors que je me rendais au Mexique, je me suis vu refuser l’embarquement pour la simple raison que je n’avais pas de billet retour. Et je ne suis pas le seul à qui s’est arrivé. L’ambiance internationale, les restrictions sécuritaires et les conflits d’assurance nous empêcheraient-ils petit à petit de nous laisser voyager pour une durée indéterminée ?
Avant de vous faire part de mes recherches concernant les compagnies qui pratiquent l’interdiction d’embarquement sans billet retour pour certaines destinations, voici ce qui m’est arrivé :
J’ai acheté il y a plusieurs mois de cela un billet aller-retour Cancún-Londres, avec un départ pour Londres en juillet et un retour au Mexique en octobre. C’était d’ailleurs mon premier vol A/R au départ de l’étranger. Je passai alors quelques mois en France pour l’été. Lorsque je me suis rendu à l’aéroport d’Heathrow, au sud de Londres, voici de souvenir, et traduit de l’anglais, la discussion que j’ai eue avec la guichetière.
K : « Boujour. Je me rends à Cancún au Mexique. Voici mon passeport, voici mon billet. Je suis Français. »
G : « Bonjour. Merci »
[Vérification de mes documents]
G : « Combien de temps allez-vous rester au Mexique ? »
K : « Je compte y rester 2 mois, pour ensuite me rendre au Guatémala »
G : « Avez-vous un billet de retour ? »
K : « J’ai pris un billet A/R depuis le Mexique. Mon vol pour le Mexique correspond donc à mon retour »
G : « Mais quand comptez-vous revenir en France ? »
K : « Je ne sais pas encore. J’achèterai mon billet de retour en France depuis l’Amérique centrale. Je voyage pour une période indéterminée. J’aviserai d’ici là »
G : » Une minute… »
[Je jette un œil au dessus du guichet pour voir ce que la dame anglaise y fait. Les ordinateurs de British Airways sont encore préhistoriques. Vous savez, ceux avec des écrans tout noirs, qui nécessitent des lignes de commandes et affichent des caractères verts… Après 2-3 minutes, voici ce qu’elle me répond :]
G : « Désolé Monsieur, mais pour que vous puissiez prendre l’avion pour le Mexique, vous devez justifier d’un billet retour dans les 6 mois en Europe »
K : « Comment ça ? C’est bien la première fois qu’on me demande un billet retour. Je ne sais pas quand est-ce que je vais rentrer, je n’ai donc pas encore acheté mon billet. L’année dernière, je me suis rendu également au Mexique sans billet retour avec la compagnie Condor Airways, et j’ai acheté mon billet de retour en France depuis le Mexique »
G : « Désolé Monsieur, mais ce sont les règles de British Airways. Vous ne pourrez pas embarquer tant que vous n’avez pas de billet de retour ».
Je me suis alors un peu énervé, en lui disant que je prenais souvent l’avion, que je travaillais dans le domaine du tourisme, que j’allais appeler l’ambassade française, que j’avais un ami avocat qui était spécialisé dans les affaires liant les voyageurs et les compagnies aériennes… Je lui ai sorti tout le baratin que je pouvais, mais rien à faire, elle ne voulait pas me donner ma carte d’embarquement…
Si seulement j’avais souscrit à une assurance annulation comme celles que propose April International , j’aurais peut-être pu me faire rembourser mon vol. Ce ne fut pas le cas. J’ai questionné à plusieurs reprises la guichetière quant à la possibilité de me faire rembourser le vol que je ne pouvais prendre. J’ai bien senti que je n’avais aucune chance, même avec justificatifs à l’appui.
Dans l’aéroport d’Heathrow, on ne peut pas se connecter à internet dans les McDonald’s ou dans les StarBucks. C’est l’aéroport même qui gère la connexion Wifi via un prestataire. Les 45 premières minutes sont gratuites, les suivantes sont payantes. J’avais déjà utilisé mes 35 premières et gracieuses minutes. Il ne me restait donc que 10 minutes avant de devoir sortir ma carte bancaire.
J’ai alors posé mon laptop sur le guichet, je me suis connecté au wifi de l’aéroport, j’ai lancé quelques recherches sur Kayak, Skyscanner et Matrix Airfare Search, et j’ai cherché le vol le moins cher pour les prochains 6 mois. En quelques minutes, je trouvai un aller simple Cancún-Londres, avec la compagnie allemande Condor Airways : 310 euros. J’entre mes coordonnées (il ne me restait que quelques minutes) et les numéros de ma carte bancaire. Je valide le formulaire et effectue le paiement. YES !! J’y suis arrivé dans le temps qui m’était imparti. Je montre l’écran qui valide mon achat à mon interlocuteur, elle note le numéro du vol et l’inscrit dans son ordinateur. Quelques minutes plus tard, je posai mes bagages sur le tapis roulant et obtins ma carte d’embarquement. Je décompresse… Je vais enfin pouvoir prendre l’avion pour retourner au Mexique !
Qu’en est-il vraiment des allers-simples non-autorisés ?
Voici ce que l’on peut trouver dans les « conditions générales de transports » de British Airways :
5f1) Il se peut que vous deviez confirmer les réservations effectuées afin de poursuivre votre voyage ou d’effectuer votre voyage de retour au sein de certains délais. Nous vous indiquerons si vous devez confirmer et comment et où le faire.
Rien de très précis… Quelles destinations, quelles nationalités ? On en sait rien… Après quelques recherches sur internet, je trouve ici sur ce forum une discussion dans laquelle « Air-Win » a connu le même problème pour un vol de Bruxelles à Buenos Aires. Sur Facebook, un de mes lecteurs, également blogueur sur VoyageForEver, m’indique qu’il a déjà eu le même problème avec Iberia (compagnie aérienne financièrement très proche de British Airways).
Sur ce forum dédié au Working Holiday Visa en Australie, un français se préoccupe de son vol simple pour le Vietnam. J’ai fait plusieurs recherches sur Google et aucun article mentionne cette interdiction de vol simple. On en parle pas du tout dans la presse d’autorité. On peut penser que British Airways est assez stricte et que cette compagnie est une des seules à pratiquer cette politique. Mais si ce n’était pas le cas ? Une des sources que je cite mentionne des problèmes entre les autorités argentines et une compagnie aérienne. Peut-être que plusieurs compagnies exigent des billets retour, ramenant tous les voyages aux vacances à durée déterminée. A l’heure actuelle, je n’en sais pas plus. Mais si je n’avais pas été aussi réactif, je n’aurais pas pu prendre mon vol pour le Mexique.
Avez-vous déjà été confronté à la même situation dans un aéroport ? Avec quelles compagnies, pour quelles destinations ?
Slt Kalagan,
C’est hallucinant comme histoire. Ils te font prendre un billet retour et ils ne prennent même pas le temps de t’xpliquer le pourquoi du comment.
Vu que tu comptais te rendre au Guatemala, tu vas en faire quoi de ton billet retour Cancun/Londres ?
Je ne sais pas encore. Le droit de rétractation de la vente à distance de 7 jours n’est pas valable pour les billets d’avion, Opodo me renvoit vers Condor Airways et Condor Airways ne propose pas d’annulation. Il faudrait même que je paye un supplément si j’annule, sans aucun remboursement. Il me reste à voir avec mon assurance, ou bien à changer le nom du passager et revendre le billet. Je ne sais pas encore … Ou peut-être que je vais le prendre, mais ça m’étonnerait 🙂
Que l’immigration à l’entrée d’un pays exige ça, c’est son droit. Ça m’énerve, mais bon, c’est eux qui choisissent les règles pour rentrer dans leur pays. Mais qu’est ce que ça peut bien foutre à une compagnie aérienne ? Leur boulot c’est de te transporter, point !
T’as pu de faire rembourser ensuite ? Parce que sinon, il est en fait préférable d’acheter un billet sur une ligne régulière en Business qui sera lui remboursable. Méga plus cher à l’achat, mais tu récupères la mise ensuite.
D’ailleurs à propos de l’immigration, j’ai l’impression qu’entreprendre un voyage au long cours sans prendre l’avion est devenu une galère dans certains pays. On pourrait espérer que ce genre de tracas aillent en s’améliorant, mais c’est un fait l’inverse qui se produit 🙁
Merci Laurent pour le tuyau. Je ne savais pas que les billets Business étaient remboursables. Je vais me renseigner. Et pour répondre à ta question, non, je ne me le suis pas fait remboursé (Opodo et Condor ne remboursent pas…). La guichetière m’a également dit que si un passager était bloqué aux douanes, c’est la compagnie qui est responsable de le renvoyer dans son pays. C’est donc un risque financier pour eux… Voilà leur excuse, alors que je n’ai eu aucun problème aux douanes mexicaines.
Il est désormais trop tard mais les conditions de Condor Airways sont assez contraignantes concernant le changement de nom des passagers (cf les conditions générales de vente sur http://www.condor.com/us/help-contact/terms-and-conditions.jsp#c15495). C’est souvent beaucoup plus simple (mais avec frais évidemment) sur les compagnies Low Cost !
Argh, c’est ennuyeux tout cela! J’ai vraiment stressé pour mon vol en Colombie car Jetblue est réputé pour demander un vol retour, mais finalement rien du tout. Il faut dire qu’il était 5h du matin…
Maintenant, je croise les doigts pour le prochain qui m’emmène en Argentine…
On a eu un cas un peu similaire au départ de la malaisie pour le japon, la compagnie AirAsia refuse de faire notre checkin car nous n’avons pas de billet pour quitter le Japon.
Dans notre cas par contre je pense que c’est lié au japon lui même car AirAsia nous à laisser prendre régulièrement des vols simples sans problèmes.
Nous avons donc demander à un japonais rencontrer dans l’aéroport de nous aider à prendre un ticket de ferry entre le japon et la Corée.
Un peu stressés on a commandé notre ticket sur un site tout en japonais 35 minutes avant l’embarquement puis on a montré le fichier PDF de notre ticket sur notre laptop à l’hôtesse de AirAsia qui a bien voulu nous laisser embarquer.
Ouf!
Je vois que je ne suis pas le seul à savoir acheter un billet en plein aéroport 😉 C’était pas non plus un site en japonais. Chapeau ! Et merci pour le témoignage.
Certanies frontières nous embêtent déjà assez avec l’absence de billet de retour… Si les compagnies s’y mettent aussi, je pense que de plus en plus de voyageurs vont reflechir à des alternatives. Moins d’avion, ou, lorsque c’est « obligatoire », une compagnie qui n’abuse pas de ses clients…
Effectivement c’est de plus en plus courant ! Pour le Brésil également et même pour l’Asie. C’est au bon vouloir de l’agent…
C’est déplorable mais bon 🙁
C’est la première fois que je vois un francophone en parler, mais c’est un sujet très récurrent sur le groupe de voyageurs famille anglophone que je suis. Les astuces pour obtenir le droit d’embarquer sont nombreuses et le problème semble être principalement avec l’Amérique du Sud.
Il y a notamment le conseil de « réserver » un billet, mais de s’arrêter au récapitulatif de la commande et de l’imprimer. Il faut alors impérativement prendre une compagnie appartenant à un autre groupe que celle utilisée sinon bien sûr il vérifie la validité de la résa.
Salut Tiphanya.
Bien vu l’astuce du récapitulatif de commande avant paiement. Et si le papier est en français, c’est encore plus facile de rendre confue la guichetière 🙂 Merci de m’avoir confirmé que le problème est récurrent chez British Airways. J’ai commencé à récolter plusieurs témoignages sur d’autres compagnies, un peu partout dans le monde : ce ne sont pas les seuls malheureusement à pratiquer ce que l’on pourrait appeler « l’interdiction d’embarquement sans billet retour ».
Je trouve ces procédés vraiment casses-pieds …. Dans pas longtemps, ils vont vouloir nous forcer à respecter non vols en plus de ça et nous fixer des limites de voyages … Alors que voyager c’est censé représenter une certaine libberté.
Salut,
Nous aussi on a eu ce problème depuis l’Australie pour aller en Indonésie. Nous n’avions pas de billet de sortie d’Indonésie, nous voulions prendre le bateau… Du coup, pas moyen d’embarquer. Pareil, nous avons acheté (grâce au wifi gratuit de l’aéroport) un billet AirAsia en 5min pour quitter l’Indonésie.
La compagnie, Qantas, nous a dit que l’Indonésie exigeait un billet retour, et qu’il ne prenait pas le risque que l’on se fasse refouler à l’entrée… A la douane, par contre, personne nous a demandé de billet retour…
Pour info, on a voulu feinter avec une confirmation sans achat, ca n’a pas marché. Elle voulait les numéros de e-ticket pour chacun des passagers… Un seul nom ne suffisait pas non plus (nous étions deux) !
Bref, ca nous a choqué aussi…
J’ai eu la même histoire concernant mon vol au Pérou pour mon visa : Je ne pouvais pas prendre d’Aller simple alors que j’avais déjà justifié de 5000 dollars sur mon compte pour 5 mois de vie sur place quand même …
Bref, un peu rageant de devoir fixer une date de retour alors qu’on ne sait pas trop ou on en sera 6 mois plus tard !
Salut tout le monde,
Cela m’étonne que vous n’observiez cela que depuis très récemment.
La première fois que ça m’est arrivé, c’était en 2010 il me semble.
C’était à Singapour Changi Airport. Mon préféré et de loin, mais un des plus stricts après celui d’HK. C’était avec AirAsia il me semble (ou Tiger Airways?). Escale à Singapour pour un vol de l’Australie vers la Thailande.
Sur le coup, j’étais tellement choquée que j’en ai eu les larmes aux yeux pendant que je tentais de les convaincre de ma bonne foie à ne pas avoir pour objectif de rester illégalement en Thailande !
Apparemment, ça m’a aidé… j’ai finalement pu embarquer.
Par contre, depuis lors, j’ai pris très souvent l’avion, ai toujours prévu un billet de sortie, m’obligeant à devenir un peu plus organisée. Reste aussi la solution d’acheter le billet le moins cher trouvable, quelle que soit la destination, et ne pas l’utiliser si pas besoin…
Mon terrain de prédilection est l’Asie/Océanie.
Et dans 98% des cas, le billet de retour/sortie/destination suivante m’est demandé, quelle que soit le type de compagnie aérienne : régulière ou low cost.
Il me paraissait que de nos jours, fin 2014, c’était un acquis : les allers simples ne marchent pas sans visa de résidence pour la destination, à part avec quelques pays connus pour être laxistes/permissifs au niveau des douanes, à ce niveau. Encore faut-il savoir lesquels et prévoir un plan B au cas où (comme garder du crédit internet 😉 )
Merci NaM pour ton témoignage.
Il prouve encore et malheureusement que cette pratique se démocratise. Terminés les voyages à l’improviste, sans itinéraire tout tracé et date de retour, et vives les vacacances… Il reste la solution d’acheter des billets d’avion retour avec des assurances Annulation.
Les assurances annulation ne marchent que pour des raisons dites imprévues, du style hospitalisation, décès d’un proche, refus d’embarquement en cas de surbooking (ce qui, dans mon cas et pour la petite histoire, m’a envoyé en classe affaire 😉 )… pour départ ou destination UE.
Bref, un billet ne s’annule pas à la demande. Il faut justifier d’une incapacité de déplacement ou d’une faute de la compagnie aérienne en surbookant.
Cela m’étonnerait donc qu’un refus d’embarquement pour la raison de non présentation d’un billet de retour/continuation fasse parti de la liste des objets assurés.
Toujours lire les Conditions Générales et Particulières des assurances… qui servent mais, 99% du temps, pas dans la situation pour laquelle on aimerait l’utiliser.